Riding Over 73 est une association soutenue par MONTAZ SPORTS qui a pour but de développer la pratique de handisport de glisse en montagne.
Le premier projet de Rinding Over 73 s'est déroulé ce printemps. Toute l'équipe a accompagné Vincent, Paraplégique depuis 3 ans suite à un accident de bûcheronnage, pour une expédition au Svalbard.
Voici quelques photos et 2 témoignages de cette belle aventure.
Les membres de l'expédition
Aurélia :
Jeudi 7 mai - Ascension du Newton
Il est 19h quand nous quittons le camp.
L’ascension se fait à un bon rythme. Tout le monde discute, et nous alternons Jérem et moi les moments de tractage et ceux passées auprès de Damien pour assurer sa sécurité lorsqu’il filme. Pauses régulières pour checker si Peupeu n’est pas en train de prendre froid. Autour de nous, le paysage s’élargit à mesure que nous prenons de la hauteur.
Lorsque nous arrivons au sommet, le vue est tout simplement magique. Immensités glacées à perte de vue... Des vallées glaciaires plates entourées de pics rocheux sur lesquels s'agrippent des glaciers aux reflets bleutés... La face nord dégringole sous nos pieds. Très aérienne, elle me fait penser à certaines faces de mixte à Chamonix... Super esthétique !
Nous tombons dans les bras des uns et des autres.
L’émotion est à son comble. C’est l’aboutissement d’un an et demi de préparation, et nous avons réussi. Comme ça, parfaitement bien rodés, presque sans effort... Ca nous rend un peu pantois, comme si toute la préparation en amont, tout le temps et l’investissement que nous avons pris s’étaient envolés de nos esprits.
Nous sommes là, tous réunis au sommet. Heureux tout simplement.
Mais il fait froid et la route est encore longue jusqu’au camp !
Le temps de faire quelques photos, de nous préparer et Hop ! Nous attaquons la face ouest. Au début, la neige est méga dure et croutée. Puis nous basculons dans la pente et là, bonheur ! 30cm de poudreuse posés sur une neige dure !
Le bonheur ne fait malheureusement pas l’unanimité, car Vincent a beaucoup de mal à skier dans ces conditions. Nous lui avions vendu de la neige béton, et une probabilité d’avoir de la peuf proche de zéro....
La première partie est impressionnante : un bon raidillon qui semble basculer dans le vide : on ne voit pas la fin de la pente. Damien n’est pas rassuré. Il n’est pas super bon skieur et je le vois se crisper, tout comme Peup qui semble un peu septique. Heureusement, Juju prend les devants. D’une main de maitre, il chapeaute la team : chacun son rôle, chacun sa place. Lui et Jérem reste au contact de Peup qui tombe régulièrement. A chaque fois, j’ai peur qu’il ne se fasse vraiment mal et que l’expé vire au cauchemar. Mais il semble plus atteint psychologiquement que physiquement. La colère et la déception se lisent dans ses yeux, et son beau sourire a disparu. Il est en colère contre lui-même et s’en veut de nous « gâcher » notre run.
Mais ce qu’il ne comprend pas, c’est que nous sommes tous bien, et qu’on s’en fout de ne pas rider comme des oufs !
L’essentiel est d’être tous ensembles, privilégiés de la « nuit » arctique.
Je prends mon pied dans cette descente ! Je suis trop heureuse ! Le paysage est magnifique, la lumière incroyable et je partage ces instants avec des gens qui me sont chers.
Je suis déçue pour Vincent et je comprends sa colère. Mais pour moi, il n’y a pas à rougir de cette performance, et nous avons réussi à atteindre l’objectif que nous nous étions fixé. La descente se termine sur le glacier et nous nous laissons glisser jusqu’à rejoindre le pied de la pente du premier run.
Pause.
Vincent est cuit.
Tous d’ailleurs.
Il est 2h du matin.
La brume arrive du fond de la vallée et ne laisse apparaitre que des lambeaux de montagnes. Elle nous enlace de ses chapes glacées.
L’ambiance est mystique.
On se raccroche avec Ju pour tracter Peup. Le camp finit par apparaitre soudain, comme sorti des nuages. Nous passons sous l’arche d’un arc-en-ciel et arrivons au camp complètement givrés.
Belle ascension, superbe ambiance... Nous sommes satisfaits. Heureux.
Peupeu / Vincent
Dans la confusion de notre départ avec tous ces avions différent, je me suis rendu compte que je n’ai pas pris le temps de vous dire simplement merci. Je n’ai pas la plume du fameux réalisateur arctique de talent Damien Artero, j’ai mon style perso : fautes d’orthographes et vannes pourries... Je projette d’ailleurs d’écrire un livre juste pour faire de la concurrence à Damien Artero (le fameux réalisateur arctique de talent).
On a vécu une bien belle aventure, j’ai vraiment kiffé ! Le moment le plus difficile a été sans aucun doute la descente du Newton. Ce retrouver en échec n’est jamais une situation confortable mais merci à ju d’avoir donné le tempo, une main de fer dans un gant de velour avec plein de moumoute toute douce ! Je n’en garde pas du tout un mauvais souvenir, au contraire, j’en rigole, c’est quand même caucasse et pas donné à tout le monde de manger de la poudreuse arctique !!
J’ai vraiment de la chance dans mon chemin de vie d’avoir pu vivre ça. Il parait que dans la vie, il n’y a pas de hasard, il y a que des rendez-vous. Dans cette expé, nous avions rendez-vous avec le bonheur simple mais subtil d’être ensemble et de partager. Rencontrer de belles personnes et partager est un moteur dans ma vie. Grâce à vous j’ai repris une bonne dose de carburant... Alors voilà, profitons simplement de la vie, elle est tellement fragile !
Merci à tous et pour tout et respect à notre team qui par un investissement de chacun à tous simplement muté !!!
PS : je suis vraiment chaud d’aller rider en Alaska et de construire un radeau pour descendre le Canada.... Et n’oubliez pas, le mont blanc nous attends !!
Crédits photos : @Damien Artero - planète.d