[VÉCU] L’Arête de Rochefort

Publié le 3 décembre 2018

« Allez les gars, on se fait un truc ?! »


Ces petites phrases qui peuvent engendrer des choses énormes ! Une cascade d’idées, un déferlement d’envies et… des litres de bière (à consommer bien accompagné) !


Trois jours de libres pour chacun d’entre nous et au même moment ! Il ne faut pas rater le créneau ! Le choix premier est de partir à la conquête du massif du Mont Blanc, un beau terrain de jeux et propice à de belles aventures.


La trame de fond est de faire au moins deux courses (entendez non pas de gambader comme des furets sur des petits sentiers escarpés, mais de faire de l’alpinisme), pas forcément techniques mais juste pour être là-haut plusieurs jours, sans coupure et profiter du confort d’un refuge et de l’ambiance qu’il y règne. « L’ivresse des montagnes » qu’il dit !


Et puis le nom des sommets, des voies, les cotations, les itinéraires déferlent sur notre file de messages jusqu’au moment où le mot « bivouac » apparaît. Et là, c’est le drame (…)


Premier moment d’hésitation, aucun de nous n’a fait de bivouac en mode alpinisme. Dormir après une randonnée même à très haute altitude, ça oui, moult et moult fois, mais là, enchaîner une course, dormir au pied d’une autre, un genre d’expé minimaliste en termes de durée mais pas en terme de matos… ça donne un smile énorme rien que d’y penser !


Commencer à prévoir de quoi nous aurons besoin, le moins possible mais assez pour résister plusieurs jours en ne prenant qu’un sac à dos, réfléchir à tout. Il fera sûrement beau (…), mais s’il pleut, s’il neige, le vent, on a beau être en été, là-haut, ce n’est pas la même chanson.


Finalement le Massif du Mont Blanc se prête parfaitement à ce genre d’exercice, un entraînement pour plus tard et nos idées se rassemblent sur un 4000 et une ligne esthétique suspendue dans les airs : la Dent du Géant et l’Arête de Rochefort !


Analyse des cartes IGN, des courses qui se sont faites quelques jours avant, suivi de l’évolution des conditions de montagne jusqu’au jour J !



Toujours dans un coin de parking pour préparer le matos, vérifier les vivres, prendre la cacahuète qui fera la diff’ et ne pas oublier d’emporter la potion magique dans un coin de sac !


Direction Courmayeur. Au pied du téléphérique on répartit le matos : cordes, coinceurs, sangles et chacun son kit d’évac’ au cas qu’une crevasse ait un petit creux, et tout notre matos perso : crampons, piolet, sac, ration de survie, eau, baudriers, les affaires pour dormir là-haut, … ça commence à être pas mal tout ce bazard… on rit jaune mais ça fait !


La cabine rotative du Skyway nous offre des préliminaires dignes de ce nom, les portes s’ouvrent, on remonte le tunnel creusé dans la roche et nous voilà à 3375 mètres d’altitude. Ici, les touristes venus prendre un café au refuge Torino se mélangent aux alpinistes de tous niveaux. On prend le temps de se délecter de la vue et nous nous encordons.


Sac sur le dos, crampons aux pieds, on passe la barrière et nous prenons pieds sur le glacier. Un ciel bleu, la neige de surface encore gelée et direction la Dent du Géant ! De loin l’appendice rocheux est déversant à souhait et l’itinéraire pour accéder au pied se laisse entrevoir. Nous longeons les Aiguilles Marbrées, un classique, au loin l’immensité du glacier est transpercée par des géants de roche et de glace qui laissent songeur. Et nous voilà au premier ressaut, une pente bien raide avant d’attaquer une partie grossièrement mixte. Nous ne croisons que des gens qui descendent car nous avons décidé d’effectuer la grimpette en milieu de journée étant « sur place » pour la nuit.



Nous honorons la « salle à manger » d’un bon casse dalle, on planque nos affaires pour la nuit et nous voilà partis light pour une varappe à près de 4000 mètres.


En grosses chaussures d’alpinisme ce n’est pas la même, il y a beaucoup de cordes en place sur la voie normale qui aident à l’ascension et de belles parties de grimpe à protéger, le choix s’offre en permanence de choisir ou non l’aide proposée.


La neige et la glace m’offrent de beaux haut-le-cœur lorsque j’assure notre ouvreur émérite qui, digne du cirque Pinder, nous offre des acrobaties et zipettes mi-contrôlées, mi-molette …


Le soleil est heureusement de la partie, pas de vent mais les heures défilent plus vite que prévu, sans nous en rendre vraiment compte. Avec la montée chargés comme des mules, l’altitude (sans doute pas assez acclimatés) nous met une belle dérouillée … Les heures avancent, on ne connait la voie que par ce que nous avons lu et, envahis par la nuit, on se dit que ça ne sera pas la même rigolade. On tire des rappels et retour à notre emplacement de bivouac !



L’adrénaline qui redescend et c’est coup de bambou. Mais il faut encore du jus pour monter le bivouac. Les gars avaient décidé de dormir en tente et moi dans un trou (…) et pelleter à 3800 m ce n’est pas la même que bêcher pour planter les patates ! J’arrive finalement à creuser un truc assez profond pour ne pas glisser dans la nuit et me protéger du vent, une couverture de survie dans l’fond et le sur-sac (une belle chaussette en membrane imperméable pour mettre le duvet dedans) ! On allume le réchaud, on ouvre le vin et au lit !



En bas Courmayeur brille de mille feux, mais la concurrence est nulle quand on voit le coucher de soleil qui nous a été offert et cette nuée tellement intense d’étoiles ! Mais qui dit ciel dégagé la nuit, dit grosse chute des températures, et l’entrée de mon duvet commence à geler…


Au matin des cordées passent le long de notre campement, on replie tout et avec au bas mot cent mètres de dénivelé positif nous voilà arrivés sur l’attaque de l’Arête de Rochefort.



Comment qualifier cette ligne, une dorsale de neige et de roche où un seul passage est possible, de vertigineux toboggans de part et d’autre où la chute n’est pas envisageable, un engagement non négligeable et la sensation d’être au-dessus du monde, perchés ici... Si l’on continue, les Grandes Jorasses s’offrent à nous, mais on attendra d’être grands pour aller traîner là-bas. Cette fois-ci nous avons eu la chance d’avoir des conditions superbes pour faire la course.


Vient le moment du retour… l’idée était de dormir vers le refuge et de repartir faire une troisième course le lendemain, mais physiquement il est temps de rentrer.


Assis autour d’un bon burger on réalise ce que nous venons de faire et ce que nous avons décidé de ne pas faire. L’expérience de se dire que l’on arrête même si c’est le spot de rêve, que les conditions sont top et que l’on est bien accompagnés !


Une magnifique bambée, des bons copains et des souvenirs en plus ! Il suffit d’y aller !


Texte et photos : Thomas Wintergerst

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